Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation (GEM) de l'UNESCO met en garde contre la progression des inégalités et de l'exclusion due aux coûts élevés de l'enseignement privé et au manque de réglementation de la part des États. Il préconise cinq mesures pour assurer une éducation de qualité pour tous.
Paris, le 10 décembre - Aujourd'hui, trois cent cinquante millions d'enfants et de jeunes sont scolarisés dans des écoles non étatiques dans le monde. Cependant, le nouveau Rapport mondial de suivi sur l'éducation (GEM) de l'UNESCO montre que de nombreux pays ne disposent pas d'une réglementation adéquate de l'enseignement privé ou de la capacité à la faire appliquer, ce qui nuit à la qualité de ce dernier et accroît encore le fossé entre riches et pauvres en matière d'éducation.
Le Rapport se penche sur les acteurs non étatiques dans tous les systèmes éducatifs, qu'il s'agisse d'écoles gérées par des organisations confessionnelles, des ONG, des organismes philanthropiques ou des entités commerciales à but lucratif, et tous ceux qui fournissent des services dans le secteur de l'éducation. De nombreux pays laissent ces écoles, pour la plupart non homologuées, fonctionner sans aucune surveillance.
Il révèle que seuls 27% % des pays interdisent explicitement aux écoles primaires et secondaires de poursuivre un but lucratif, ce qui va à l'encontre de la vision de 12 ans d'éducation gratuite pour tous. Plus de la moitié des pays empêchent le processus de sélection des élèves dans les écoles. Seuls 7% des pays ont des quotas qui améliorent l'accès aux écoles pour les étudiants défavorisés par le biais de mesures diverses. Une moitié seulement a adopté une réglementation encadrant les cours particuliers.
En conséquence, les ménages des pays les moins développés consacrent une part disproportionnée de leurs revenus à l'éducation de leurs enfants. Les ménages comptent pour 39 % des dépenses d'éducation dans les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur, contre 16 % dans les pays à revenu élevé.
Le Rapport, intitulé Qui peut choisir ? Qui en pâtit ? démontre que, dans le même temps, l'éducation publique dans les pays à faible revenu s'accompagne de coûts cachés considérables. Une analyse portant sur 15 pays à revenu faible ou intermédiaire montre que près de deux cinquièmes des dépenses d'éducation des ménages étaient consacrées aux uniformes et aux fournitures scolaires.
Cela contraint 8% des familles des pays à revenu faible ou intermédiaire à emprunter de l'argent pour payer la scolarité de leurs enfants. « Dans certains pays comme l'Ouganda, Haïti, le Kenya et les Philippines, 30% des familles doivent emprunter pour financer l'éducation de leurs enfants. L'impact de la Covid-19 a encore réduit les budgets familiaux, rendant les frais de scolarité et autres dépenses inabordables pour beaucoup », explique Manos Antoninis, directeur du Rapport mondial de suivi sur l'éducation.
« Des normes minimales doivent être fixées par les gouvernements pour les écoles publiques et privées non-étatiques pour garantir une réelle égalité des chances aux élèves les plus défavorisés afin qu’ils puissent bénéficier d'une éducation de qualité », déclare Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO. « Il est urgent de mettre en place des mécanismes de financement équitables. Ceux qui vivent dans des contextes plus défavorisés ne doivent pas être pénalisés », continue-t-elle.
L'UNESCO invite les pays à évaluer les réglementations qu'ils ont mises en place et formule cinq recommandations visant à placer l'équité au cœur de leurs actions :
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Contacts presse :
Kate Redman, Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO, +33 671786234, k.redman@unesco.org
Gina Dafalia, Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO, +44 7375318760, d.dafalia@unesco.org
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