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Le plan de table du dialogue national au Tchad

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dw.com

A quelques heures du coup d’envoi du dialogue national à N'Djamena, le point sur les principaux acteurs présents et les grands absents de ces assises.

Au Tchad, les travaux du dialogue national s’ouvrent ce samedi matin (20.08) à N'Djamena. Ces assises démarrent plus d’un an après le début de la transition militaire suite au décès du président Idriss Deby. Elles sont censées permettre le retour des civils au pouvoir à l’issue d’élections démocratiques.   

1.400 délégués venus de différents horizons vont discuter pendant 21 jours pour tourner la page de la transition militaire. 

Parmi les acteurs clés qui prendront part à ce dialogue se trouvent les anciens opposants politiques de l’ex-président Idriss Déby et les leaders de différentes associations et organisations tchadiennes.

Mahamat Idriss Déby Itno promet un dialogue "démocratique"

Selon un décret qu'il a signé, Mahamat Idriss Déby Itno, le président de la transition au Tchad, promet que le dialogue national inclusif sera non seulement "libre et démocratique" mais aussi "souverain" et ses décisions "exécutoires". Le dialogue doit en principe déboucher sur des élections.

Chérif Mahamat Zene, le négociateur

Ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene a conduit la délégation gouvernementale lors des négociations à Doha avec les groupes rebelles. Ces négociations, qui ont duré cinq mois sous la médiation du Qatar, ont abouti le 8 août à un accord que tous les groupes rebelles n'ont pas signé, à l'instar du FACT.

Mahamat Mahdi Ali, "ouvert au dialogue" mais ne participera pas à celui du 20 août

Mahamat Mahdi Ali a été membre de plusieurs groupes armés rebelles avant de fonder le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) en 2016. Il a étudié en France où il a milité au Parti socialiste. Le FACT qu'il dirige a mené l'offensive qui a coûté la vie au président Idriss Déby. Le FACT a refusé de signer l'accord de Doha mais se dit toujours ouvert au dialogue.

Timan Erdimi, chef de l'UFR

Membre de l'ethnie zaghawa d'Idriss Déby dont il est le neveu, Timan Erdimi est le leader de l'UFR fondé en 2009 par l'alliance de huit mouvements. L'UFR de Timan Erdimi, dont le frère est emprisonné depuis plusieurs mois en Egypte, a signé l'accord avec la junte au pouvoir au Tchad. Il sera présent au dialogue "inclusif".

Wakit Tamma, la coalition qui dit "Non"

La coalition de partis d'opposition et de membres de la société civile, Wakit Tamma a refusé de participer au dialogue. Ses membres accusent la junte de perpétuer des "violations des droits humains" et de préparer une candidature de Mahamat Idriss Déby à la présidentielle, alors qu'il s'était engagé, au début de la transition, à ne pas se présenter.

Mahamat Nouri de l'UFDD

Mahamat Nouri est un ancien compagnon d'armes d'Hissène Habré. Il a rejoint ensuite le feu président Idriss Déby avant de faire défection. Il dirige l'UFDD créée en 2006. En 2019, il a été mis en examen en France pour "crimes contre l'humanité" pour le recrutement présumé d'enfants soldats. Incarcéré à Paris en 2019, il est remis en liberté en 2020. De retour au Tchad, il participera au dialogue.

Succès Masra, celui qui dénonce

Tout comme Wakit Tamma, la coalition de partis d’opposition et d'organisations de la société civile dont il est membre, Succès Masra a également refusé de participer au dialogue. Le leader du parti "Les Transformateurs" estime qu'il aurait "fallu consacrer le caractère souverain du dialogue dans la charte de transition, car un décret est annulable à tout moment par une volonté unilatérale".

Gassim Cherif, celui qui veut tourner la page de la guerre

Il est le leader d'un nouveau mouvement politico-militaire créé à Doha (CCMSR/R). Gassim Cherif, a regagné le 17 août le Tchad pour prendre part au dialogue national. Ayant pris part aux pourparlers de Doha, il estime qu'il faut tourner la page de la guerre pour rattraper le retard de développement au Tchad et entend apporter sa contribution au dialogue national.

Il faut aussi noter la présence des opposants armés, parmi lesquels Timane Erdimi de l’UFR et le général Mahamat Nouri de l’UFDD, qui sont rentrés à N’Djamena après 20 ans d’exil, à la faveur de l’accord paix signé le 8 août dernier, à Doha au Qatar, entre le gouvernement tchadien et les politico-militaires. 

"Saisir une chance historique" 

Pour Saleh Kebzabo, ancien candidat à la présidentielle est le premier vice-président du comité d'organisation de ce dialogue national, "le dialogue est inclusif, son inclusivité ne peut être contestée par personne. C'est le plus important car nous sommes à un grand carrefour. C'est une chance historique que nous avons. Il faut la saisir."

Cependant l’absence de certains acteurs à ces assises semble montrer que le dialogue n’est pas ouvert à tous. 

C’est le cas de l’opposant Succès Masra du parti Les Transformateurs, de la coalition d’opposition et de la société civile Wakit-Tamma, ou encore de Mahamat Ali Mahadi, le leader du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), ce mouvement rebelle dont l'incursion en avril 2020 sur le territoire tchadien a entrainé la mort de l'ancien président Idriss Deby.  

"Ces assises ne sont pas inclusives"

Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris, estime ainsi que ce dialogue, contrairement aux déclarations du pouvoir militaire, n’accueille pas tout le monde.  

Selon lui, "la sur-représentation d'acteurs très proches du pouvoir actuel et en même temps la non-participation d'acteurs internes comme certains mouvements sociaux et également du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad FACT, comme opposition militaire armée, soulève des questions légitimes auxquelles les réponses apportées par le pouvoir ne sont pas suffisantes. Il faut souligner que ces assises ne sont pas inclusives."

Ce vendredi matin (19.08), une tentative de manifestation des partisans du mouvement citoyen Wakit-Tamma contre la tenue de ce dialogue national a même été dispersée par la police anti-émeute.   

 

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