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DÉCRYPTAGE. Six mois après le début de la guerre en Ukraine et alors que le scénario du pire a été évité, comment le continent aborde-t-il ce tournant ?
Par Sylvie Rantrua Publié le 26/08/2022 à 14:00
Nous avons retenu cinq faits marquants autour de cette crise alimentaire qui frappe l'Afrique : l'inflation galopante, qui touche tous les pays et qui laisse planer l'ombre des émeutes de la faim, qui avaient secoué le continent en 2008 ; la pénurie et le prix des engrais qui a explosé menacent la production des prochaines campagnes agricoles ; enfin, un petit espoir vient de la reprise des exportations de céréales ukrainiennes. De leur côté, les bailleurs de fonds tentent d'intervenir en débloquant des fonds d'urgence pour soutenir l'agriculture et les personnes les plus vulnérables.
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« Le niveau record des prix alimentaires est à l'origine d'une crise mondiale qui va plonger plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté et aggraver la faim et la malnutrition, menaçant des gains durement acquis en matière de développement », s'alarmait la Banque mondiale (BM) dans une note d'information publiée le 15 août.
Les facteurs déclenchant cette flambée des prix sont multiples et se combinent. L'élément déclencheur remonte à la crise du Covid-19 qui a profondément désorganisé les chaînes d'approvisionnement et dont les répercussions se font toujours ressentir. À peine la reprise économique pointait-elle son nez, que les premières tensions sur les cours du pétrole et du gaz sont apparues. Le renchérissement de l'énergie se répercute sur les prix alimentaires, notamment à travers la hausse des coûts des transports. La guerre en Ukraine a jeté de l'huile sur le feu, faisant flamber les cours internationaux des céréales (blé et maïs) et de l'huile.
Loin du conflit, l'Afrique n'en est pas moins une victime collatérale. Le Zimbabwe arrive en tête des pays africains les plus durement touchés avec une inflation des prix des denrées alimentaires qui a atteint 255 % en juin dernier, et ce malgré les mesures prises comme la suspension des droits de douane à l'importation sur les produits de base comme l'huile, le riz et la farine. La situation se détériore dans tout le continent. Le Nigeria a enregistré son taux d'inflation le plus élevé depuis 17 ans et l'Afrique du Sud affiche une hausse des prix de 7,4 %. L'Éthiopie, l'Angola, le Rwanda et la Sierra Leone ont tous connu une inflation supérieure à 20 % en avril, selon le Fonds monétaire international (FMI). « Le renchérissement de l'alimentation pénalise plus durement les habitants des pays à revenu faible et intermédiaire, qui consacrent une part plus importante de leurs revenus à ces dépenses que les populations des pays à revenu élevé », prévient la BM.
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