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Le chercheur Thierry Vircoulon espère que l'enquête internationale permettra de faire la lumière sur la répression violente des manifestations du 20 octobre.
La situation des droits de l'homme est en régression au Tchad depuis les récentes manifestions réprimées par les forces de l'ordre. Thierry Vircoulon, coordonnateur de l' Observatoire de l'Afrique centrale et australe de l'Institut français des relations internationales ( Ifri ) a récemment séjourné au Tchad et a pu se faire une image de la situation sur place. Selon lui, la mission d'enquête Internationale qui sera déployée prochainement dans le pays aidera à établir les faits et les responsabilités.
Pour rappel, le 20 octobre dernier, des manifestations de l'opposition ont été très violemment réprimées par les forces de l'ordre. Elles ont fait officiellement une cinquantaine de morts, plus de 300 blessés et des centaines de personnes ont été arrêtées.
Retranscription de l'interview
Thierry Vircoulon : La situation des droits de l'homme s'est gravement dégradée avec les événements du 20 octobre, où il y a eu des violences très fortes à N'Djamena et dans quelques autres villes. Il y a eu un certain nombre de tués dont le chiffre reste encore à préciser. Donc cet épisode de violences traduit une détérioration forte de la situation des droits de l'homme.
DW : Les autorités tchadiennes ont accepté qu'une mission d'enquête internationale soit déployée au Tchad. On peut comprendre que le Tchad est sous la pression internationale ?
Thierry Vircoulon : Oui, tout à fait. Il y a eu, comme vous le dites, cette action à Genève et en effet la demande d'une enquête internationale indépendante. Le gouvernement a accepté le principe de cette enquête. C'est en règle générale le but d'une enquête de cette nature d'établir premièrement les faits et d'autre part, les responsabilités. Et donc, c'est en effet très important qu'une enquête internationale soit diligentée.
Ce qui paraît déjà assez évident et qu'il y a eu un grand nombre de victimes et qu'il y a donc eu probablement un usage disproportionné de la force. Et donc je pense que c'est ça qui va être surtout au centre de cette enquête.
Il est important qu'il y ait une décrispation de la situation politique et sécuritaire au Tchad et qu'en effet l'acceptation d'une commission d'enquête indépendante est un premier pas dans le sens d'une décrispation.
DW : Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi a été désigné facilitateur dans la crise tchadienne. Pensez vous qu'il arrivera à concilier les parties sans oublier aussi que ça brûle dans son pays ?
Thierry Vircoulon : À partir du moment où il y a une rébellion extrêmement menaçante, qui menace la ville de Goma, dans l'est du Congo, on voit mal le président Tshisekedi avoir du temps à consacrer à la situation interne au Tchad.
Tchad: le président Déby nomme 104 membres de plus au parlement
https://afrique.tv5monde.com/ Mise à jour le 7 novembre 2022 à 15:00 par AFP
Le général Mahamat Idriss Déby Itno, récemment reconduit pour deux ans à la tête du Tchad après avoir pris le pouvoir à la mort de son père en 2021, a nommé lundi par décret 104 membres de plus au parlement de transition.
Début octobre, un dialogue de réconciliation nationale (DNIS), qui lui a octroyé 24 mois de plus comme président de transition, avait recommandé d'accroître de 93 à 197 le nombre de "députés" du Conseil National de Transition (CNT), qui fait office de parlement depuis que M. Déby a été proclamé une première fois chef de l'Etat le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux.
L'élargissement du CNT vise à intégrer des personnalités de partis, d'organisations de la société civile et de mouvements rebelles qui s'étaient ralliés à ce dialogue national boycotté par une grande partie de l'opposition et parmi les plus puissants des groupes armés. Ces derniers dénoncent une "succession dynastique" au Tchad, dirigé 30 années durant d'une main de fer par Idriss Déby Itno, le père de Mahamat, tué au front contre des rebelles il y a un an et demi.
Dans un décret consulté par l'AFP, le général Déby a nommé lundi 104 "membres additifs du CNT" dont des représentants de l'ex-opposition ralliée au régime lors du DNIS et de groupes rebelles signataires d'un accord de paix en août.
Le 20 avril 2021, une junte de 15 généraux annonçait la mort du maréchal Idriss Déby et proclamait son fils Mahamat, général de 37 ans alors, "Président de la République" pour une période de "transition" devant déboucher, au terme de 18 mois renouvelables une fois, sur des "élections libres et démocratiques".
Les généraux abrogeaient immédiatement la Constitution, congédiaient le gouvernement et dissolvaient le parlement, pour le remplacer cinq mois plus tard par un CNT de 93 membres nommés par le nouvel homme fort de N'Djamena. Ce "parlement" de transition est chargé notamment de rédiger une nouvelle constitution et préparer des élections.
Mahamat Déby avait reçu aussitôt le soutien de la communauté internationale - France, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête - qui réclamait cependant que la transition ne dépasse pas 18 mois, assurant aussi que le général Déby s'engageait à ne pas se présenter aux futures élections.
Dix-huit mois après, le DNIS l'a non seulement reconduit pour deux ans à la tête du Tchad mais également autorisé à être candidat à la magistrature suprême dans deux ans.
Le 20 octobre dernier, des manifestations de l'opposition très violemment réprimées ont fait officiellement une cinquantaine de morts dans les grandes villes du pays, plus de 300 blessés et des centaines de personnes ont été arrêtées. L'UE avait "fermement" condamné un "usage excessif à la force" et de "graves atteintes aux libertés d'expression".
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