RCA: un camp pour accueillir les réfugiés soudanais installé dans le nord du pays
https://www.rfi.fr/ Publié le 24/05/2023 - 09:32
Le gouvernement centrafricain a donné ce lundi 22 mai au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l'autorisation d'installer un camp pour accueillir les Soudanais qui fuient le conflit qui déchire leur pays depuis plus d'un mois. Le site se trouve à Birao, dans la préfecture de la Makaga, dans le nord du pays.
Pour l'heure, plus de 10 000 réfugiés se trouvent à plus de 65 km de là, vers la localité d'Am Dafok, sur la frontière avec le Soudan.« La majorité des personnes qui sont arrivées sont principalement composées de femmes et d'enfants, ils représentent environ 98% des réfugiés qui sont arrivés dans la zone », explique Fafa Olivier Attidzah, le représentant du HCR en Centrafrique.
« C'est une zone qui est en proie à des inondations chaque fois qu'il pleut, c'est pour ça d'ailleurs que nous voulons les sortir de là avant que la saison des pluies ne commence. La fenêtre qui reste ouverte pour nous pour mener l'exercice est de deux, peut-être trois semaines. Mais deux semaines beaucoup plus précisément », détaille Fafa Olivier Attidzah.
« Dans cette zone qui dépendait avant du Soudan en termes d'approvisionnements alimentaires et en produits de première nécessité, le marché n'est plus totalement approvisionné à cause du conflit au Soudan. En les emmenant vers Birao, nous estimons qu'il y aura toujours la possibilité de les approvisionner, même si c'est difficile, à partir de l'intérieur de Centrafrique, de Bangui. Et nous pensons sincèrement que leur situation va s'améliorer une fois qu'on les aura sortis de la zone frontalière. »
Le HCR s'inquiète d'un fort afflux de réfugiés soudanais en Centrafrique
https://www.rfi.fr/ Publié le : 30/04/2023 - 22:35
Environ 6 000 personnes, essentiellement des femmes, ont fui le Soudan vers la Centrafrique deux semaines après le début de violents affrontements entre l'armée soudanaise et les paramilitaires, a indiqué dimanche le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
À Khartoum, la très fragile trêve de trois jours, peu respectée, a été reconduite ce dimanche quelques heures avant son expiration. Le dernier bilan des combats fait état d'au moins 528 morts et près de 4 600 blessés. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, près de 6 000 personnes ont déjà trouvé refuge sur le territoire centrafricain, principalement des femmes et des enfants. « Ce chiffre est constitué de 70% de femmes, 15% de filles et 10% d'hommes et environ 400 rapatriés », précise l'UNHCR dans un tweet samedi, dont l'authenticité a été confirmée dimanche par l'une de ses représentantes en Centrafrique.
La solidarité s’organise
Ainsi, à la frontière entre la Centrafrique et le Soudan, la solidarité s’organise. « Pour le moment, les personnes vivent chez l’habitant, pour ceux qui ont eu un peu de chance. D’autres personnes se sont installées dans des abris de fortune. J’ai entendu parler d’une école désaffectée où elles se sont abritées. Il y a certaines personnes aussi qui sont à la belle étoile, mais la majorité se trouve chez l’habitant, explique le représentant du HCR en Centrafrique, Fafa Olivier Attidzah. Ce sont des conditions qui sont un peu difficiles. Il faut mettre en œuvre un système d’assainissement et surtout leur trouver de l’eau et des vivres. […] Il faut une intervention pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’être hébergés. Et ceux qui ont eu cette chance d’être chez l’habitant, ils vont constituer un poids sur les populations hôtes, ce qui ne serait pas, dans le long terme, tenable. »
Pour le moment, les réfugiés qui sont là ne souhaitent pas quitter la frontière afin d’avoir un œil sur leurs biens de l’autre côté de la frontière puisque les conditions ne les empêchent pas d’y retourner de temps en temps.
Fafa Olivier Attidzah, représentant du HCR en Centrafrique
Clémentine Pawlotsky
La Centrafrique, pays parmi les plus pauvres du monde en proie à une guerre civile depuis plusieurs années, partage une frontière avec le Soudan dans la province de la Vakaga (nord-est). Jeudi, le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) annonçait que près de 3 000 personnes étaient entrées dans le pays et vivaient dans des « campements spontanés » près de la localité frontalière d'Am-Dafock. « Le trafic entre le Soudan et la RCA a été fortement perturbé, ce qui a entraîné une forte augmentation du prix des produits de première nécessité », s'inquiétait également l'organisation, alors que « 120 000 personnes ont besoin d'assistance alimentaire » dans le nord du pays.
À Birao, chef-lieu de la Vakaga, le prix du sac de sucre (50 kg) a doublé depuis le début du conflit pour atteindre 80 000 francs CFA (122 euros), souligne l'Ocha. Selon l'ONU, 75 000 personnes sont déplacées à l'intérieur du Soudan, et au moins 20 000 ont fui vers le Tchad, 4 000 vers le Soudan du Sud, 3 500 vers l'Éthiopie. Au total, jusqu'à 270 000 personnes pourraient fuir si la guerre continue.
(Et avec AFP)
Comment le groupe Wagner mène un trafic de bois en Centrafrique
https://www.rfi.fr/ Publié le 16/05/2023 - 21:39
Alors que le Conseil européen a entériné ce mardi matin la nouvelle règlementation contre les produits issus de la déforestation, deux enquêtes publiées en parallèle montrent comment le groupe Wagner parvient à exporter, y compris en Europe, du bois de Centrafrique.
Des essences brunes-rouges de sapelli, un bois fin d’Afrique centrale utilisé en menuiserie, ont été vendues au Danemark et en France par l’entreprise Bois rouge, affirme l'organisation britannique Earthsight, qui documente des crimes contre l'environnement. En 2022, l’entreprise a été le septième exportateur de bois centrafricain vers l’Union européenne : elle y a vendu 465 m3 de bois de sapelli.
Les liens de Bois rouge avec Wagner ont été révélés dans une enquête internationale en juillet dernier, mais depuis, l’entreprise s’est adaptée. En décembre, elle a changé de nom pour devenir Wood International Group, une compagnie toujours basée à Bangui qui a hérité des permis et du numéro fiscal et douanier de Bois rouge, selon CBS. Avec les organisations All Eyes on Wagner et Dossier Center, la chaîne américaine a suivi le parcours d’une cargaison de bois, des forêts de la Lobaye au port camerounais de Douala.
« L'entreprise a changé de nom parce qu'on l'a exposée, ce qui a mis à mal ses affaires. Elle s'est séparée de la directrice de l'époque parce que l'idée est de continuer ses affaires tout en étant cachée. Tout leur circuit logistique a également été revu et ils ont placé des écrans entre eux et l'arrivée au Cameroun », détaille Lou, de All Eyes on Wagner.
L’exploitation intensive menée par Bois rouge contrevient à la règlementation européenne. C’est pour cela que l’entreprise cible désormais des marchés ayant des règles plus souples, en Asie et dans les pays du Golfe. Elle a aussi pour conséquence de contraindre les populations locales pygmées à quitter leurs terres ancestrales.
Les grumes passent par la scierie du groupe à Boda, avant de prendre la direction du camp Kassaï, centre militaire centrafricain utilisé comme site de stockage et de transit, selon les enquêteurs. La logistique est assurée par des entreprises contractantes liées au groupe Wagner ; l’acheteur n’est ainsi pas nécessairement au courant qu’il est en affaire avec la galaxie Prigojine.
Wood International Group gagnerait potentiellement 2 millions d'euros par an en exportant du bois centrafricain. Selon les enquêteurs, il ne paye pour l’instant ni impôts ni taxes au gouvernement centrafricain.
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