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Pourquoi le groupe français Castel, géant français de la boisson, est dans le viseur du parquet antiterroriste

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POURQUOI LE PARQUET NATIONAL ANTITERRORISTE ENQUÊTE SUR LE GROUPE FRANÇAIS CASTEL

https://www.bfmtv.com/ Jérémy Bruno Le 26/05/2023 à 11:46

Une ONG américaine accuse le groupe français Castel d'avoir financé des milices armées en Centrafrique.

Le parquet national antiterroriste (PNAT) enquête sur le groupe français Castel, propriétaire des magasins Nicolas et géant mondial du vin et de la bière, à la suite du rapport d'une ONG lui reprochant d'avoir payé des milices rebelles en Centrafrique, rapporte vendredi France Inter, faisant suite à une enquête du Monde publiée l'an dernier.

Le groupe Castel est très présent en Afrique, où il possède quelque 240 filiales dans une cinquantaine de pays. Outre la bière et les sodas, le groupe y exerce également des activités agro-industrielles, principalement dans le sucre et la farine, via sa filiale Somdiaa.

L'ONG américaine The Sentry avait publié en août 2021 un rapport l'accusant d'avoir financé des milices armées "responsables d'atrocités de masse" lors de la guerre civile en Centrafrique "pour protéger ses parts de marché".

"Arrangement sécuritaire"

Selon l'organisation, la sucrerie Sucaf RFA, propriété de Somdiaa, et donc de Castel, aurait négocié fin 2014 "un arrangement sécuritaire avec un groupe armé" nommé '’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) afin de "sécuriser l’usine et les champs de canne à sucre" et "garantir la libre circulation sur les axes routiers clés".

La sucrerie aurait également obtenu le soutien du groupe armé pour "protéger le monopole de la société sur la distribution du sucre dans plusieurs préfectures du pays, notamment par la saisie forcée du sucre de contrebande", avançait The Sentry.

Cet accord, qui se serait concrétisé par "des paiements directs et indirects en espèces, ainsi que par un soutien en nature sous forme d’entretien des véhicules et de fourniture de carburant", se serait poursuivi "jusqu’en mars 2021", affirmait l'ONG américaine dans son rapport.

Selon l'organisation, citant les Nations unies, les milices de l'UPC auraient commis "des massacres, des enlèvements, des actes de torture, le recrutement d’enfants soldats ainsi que des violences sexuelles", notamment envers des femmes et des enfants.

Castel conteste les accusations

Le groupe Castel a réfuté les accusations de l'ONG américaine. Mais le parquet national antiterroriste a décidé de se saisir de l'affaire et d'ouvrir une enquête préliminaire pour des soupçons de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, rapporte France Inter.

Les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH) enquêtent notamment sur la possible aide matérielle et logistique aux milices armées. La société Sucaf a été liquidée en juin 2022 par le conseil d'administration de Somdiaa.

Le groupe Castel a dénoncé "des accusations à charge et non corroborées" auprès de France Inter.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV

 

Paradis fiscaux : la face cachée de l’empire Castel, rattrapé par le fisc suisse

Elodie Guéguen - Cellule investigation de Radio France Radio France Publié le 26/05/2023 10:30

L’homme d’affaires français Pierre Castel, 96 ans, qui a fait fortune dans le vin et la bière, est accusé d’avoir dissimulé une partie de sa fortune dans des places offshore.

Il est sans doute le milliardaire français le moins connu du grand public. Pierre Castel, 96 ans, a pourtant bâti un véritable empire de la boisson. Son groupe est l'un des principaux producteurs de vin au monde, avec des marques comme Roche Mazet, Baron de Lestac, Vieux Papes, La Villageoise ou encore Listel. Le groupe Castel est également propriétaire de la chaîne de cavistes Nicolas.

ENQUÊTE. Le groupe Castel, géant français de la boisson, soupçonné d'avoir financé des milices en Centrafrique, visé par une enquête du parquet antiterroriste

La vie de Pierre Castel est digne d'un roman. Il est le fils d'immigrés espagnols venus s'installer dans le Bordelais pour les vendanges. L'homme a ensuite fait sa place dans le milieu du vin avec ses frères et sœurs, à une époque où l'on servait encore de l'alcool aux enfants dans les cantines scolaires. Aujourd'hui, il est la 10e fortune française, selon le classement 2022 du magazine Challenges. Son groupe réalise un chiffre d'affaires annuel de près de six milliards d'euros.

L'Afrique en ligne de mire

Cette fortune, il ne la doit pas qu'au vin et aux domaines qu'il a rachetés au fil des ans dans le sud de la France. Pierre Castel a su très tôt diversifier ses activités en s'implantant sur le continent africain. Il a fait ses premiers pas au Gabon, en rachetant un vieux comptoir colonial, la société des Brasseries et glacières d'Indochine. Il est devenu l'ami du président gabonais Omar Bongo, à la tête du pays pendant 42 ans. Le groupe Castel est aujourd'hui le deuxième producteur de bière en Afrique. Mais il est aussi présent sur le marché des sodas, de l'eau, des huiles végétales, du sucre et de la farine...

"En Afrique, le groupe Castel est implanté dans 23 pays avec plus de 130 filiales, détaille le chercheur indépendant Olivier Blamangin qui a passé plusieurs années à reconstituer l'étendue de son l'empire. Il réalise plus de 80% de son chiffre d'affaires et plus de 90% de ses bénéfices sur ce continent. Ses bénéfices nets sont considérables : entre 500 millions et un milliard d'euros par an, après impôts."

En Afrique, Pierre Castel a une influence aussi forte que Martin Bouygues ou Vincent Bolloré dans le monde des affaires, estime Antoine Glaser, auteur du livre Arrogant comme un Français en Afrique (Fayard, 2016). Selon le journaliste, c'est d'abord sa discrétion qui séduit sous les ors des palais présidentiels. "Le goût du secret est extrêmement fort en Afrique. Pierre Castel a compris très tôt que les chefs d'États africains avaient horreur des hommes d'affaires français qui affichaient leurs relations privilégiées avec eux", analyse ce spécialiste de la Françafrique.

La discrétion est en effet ce qui caractérise le mieux Pierre Castel. Il donne rarement d'interviews et se montre peu en public. Il a quitté la France après l'élection de François Mitterrand en 1981. "J'ai toujours eu peur des socialistes, confiait-il dans un rare entretien accordé à Challenges en 2014. Financièrement et économiquement, la France devient dangereuse. Lorsqu'on vous prend plus de 50% de vos revenus, vous ne pouvez pas l'accepter." Pierre Castel a donc préféré s'exiler en Suisse. La vie y est plus paisible et la fiscalité bien plus douce.

Un tour du monde des places offshore

Pierre Castel semble d'ailleurs être un as de l'optimisation. Identifier la localisation des sociétés que son groupe a possédées ou détient encore revient à voyager dans des endroits assez exotiques : Gibraltar, l'Île Maurice, le Liechtenstein, Singapour, Malte, Hong-Kong, Jersey, les Îles Vierges britanniques… Un véritable tour du monde des "places offshore" les plus prisées des exilés fiscaux.

"Il y a une volonté d'optimisation fiscale pour certaines sociétés du groupe comme celles au sein desquelles on domicilie les licences des boissons, explique le chercheur Olivier Blamangin. Chaque brasserie de Castel en Afrique va produire une bière de telle ou telle marque. La marque sera déposée auprès d'une société localisée dans un paradis fiscal - ça a longtemps été les Îles Vierges britanniques. Le groupe Castel devra ensuite payer les royalties à cette société." Le mécanisme est astucieux selon Olivier Blamangin, "car ces royalties sont totalement exonérées d'impôts aux Îles Vierges britanniques".

La galaxie des sociétés de l'empire Castel ressemble à une collection de poupées russes. Chaque société est possédée par une autre localisée dans un pays différent, et cela semble sans fin. En haut de la pyramide se trouve une holding à Gibraltar, Cassiopee, et un fonds d'investissement à Singapour, IBBF. Entre les deux se glisse un trust de la Société générale Asie (SG Trust Asia) qui semble servir d'écran. "L'objectif de ce type de montages n'est pas uniquement de bénéficier des avantages fiscaux du pays, estime Olivier BlamanginCela permet aussi de masquer les propriétaires ultimes du groupe."

Une amende record

L'opacité conférée par ces montages ne permet pas de connaître l'identité des bénéficiaires réels du fonds situé au sommet de l'empire. Le patriarche a affirmé s'être dessaisi de l'ensemble du capital-actions de son groupe. La justice du canton de Genève a cependant décidé d'investiguer. Et elle a découvert l'existence d'une fondation basée au Liechtenstein qui, selon elle, aurait donné l'occasion à Pierre Castel de conserver la maîtrise du groupe. Cette fondation lui aurait aussi permis de toucher des dividendes non déclarés au fisc suisse. Comme l'a dévoilé le média en ligne Gotham City, l'administration fiscale suisse a localisé plusieurs autres trusts "familiaux", à Singapour. La justice helvétique a estimé que les sociétés-écrans offshores ont servi à "dissimuler les comptes bancaires" dont Pierre Castel serait "le propriétaire ultime".

Soupçonné d'"évasion fiscale" - un comble dans ce pays qui a longtemps été l'une des places offshore les plus convoitées -, le milliardaire français a été condamné à une amende record de 410 millions de francs suisses (plus de 400 millions d'euros) pour avoir omis de déclarer certains de ces montages. Entre 2007 et 2011, la somme correspondrait à la distribution de dividendes d'IBBF à ses bénéficiaires. Si l'homme d'affaires conteste les faits, il a dû régler une partie de l'amende, tout en se gardant de révéler l'identité de ces fameux bénéficiaires...

Un étrange trust

La cellule investigation de Radio France a eu accès à des documents inédits issus des Panama Papers, cette gigantesque fuite de données révélée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), dont elle est partenaire. Ils révèlent par ailleurs l'existence en 2012 d'une structure juridique offshore, Soana Trust, dont les bénéficiaires économiques étaient Pierre Castel, son épouse Françoise Gilardot, et son unique enfant, Romy Castel.

 

 

Pourquoi le groupe français Castel, géant français de la boisson, est dans le viseur du parquet antiterroriste

Franceinfo

Le groupe Castel, géant français du vin et de la bière, propriétaire notamment de la chaîne de magasin Nicolas, est visé par une enquête du parquet antiterroriste, selon les informations de la cellule investigation de Radio France ce vendredi. Une ONG américaine, The Sentry, le soupçonne d’avoir financé des milices armées en Centrafrique pour poursuivre ses activités dans le pays.

ENQUETE. Le groupe Castel, géant français de la boisson, soupçonné d’avoir financé des milices en Centrafrique, visé par une enquête du parquet antiterroriste

 L’une des filiales du groupe, qui produisait du sucre en Centrafrique, est soupçonnée d’avoir financé des milices armées pendant la guerre civile. La cellule investigation de radio France a pu consulter des documents internes à l’entreprise. Ce sont des rapports de sécurité rédigés quotidiennement dans l’usine centrafricaine entre 2014 et 2021. Ils évoquent un racket qui était imposé par les hommes de l’UPC, une milice dirigée par un chef de guerre, Ali Darassa. 

L'ONG américaine, soutient que la filiale de Castel aurait versé plus de 250 000 euros aux chefs de l’UPC. Cette milice est accusée par les Nations Unies de crimes de guerre, notamment pour un massacre qui a eu lieu dans un camp de réfugiés chrétiens en 2018. 112 personnes sont mortes. Peu avant ce drame, des employés de l’usine du groupe Castel avaient réparé l'un des pick-up du chef de la milice. Le géant de la boisson se retrouve au cœur d’une enquête pour des soupçons de complicité de crimes contre l’humanité. 

Le groupe Castel, de son côté, conteste avoir apporté le moindre soutien aux rebelles.

 

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