http://www.ledjely.com/ Par ledjely.com le 5 septembre 2016
Ainsi donc, Ali Bongo, bien que n’ayant pas gagné l’élection du 27 août 2016, se succédera à lui-même et régnera sur le Gabon pour les sept prochaines années. La France, l’Union européenne et les Etats-Unis, renonçant exceptionnellement au sacro-saint devoir de réserve qui fonde la diplomatie internationale, auront fait ce qu’ils ont pu. Mais à Libreville, Ali Bongo, disposant de l’armée et des forces de sécurité, pour étouffer les velléités de contestation et réprimer les tentatives de protestation, apparait plus puissant. A dieu les résultats des élections, A dieu tous les vertueux principes démocratiques. Jean Ping aura beau crier. Ses lamentations ne lui seront d’aucun secours. Parce qu’au Gabon, mais aussi dans beaucoup de pays africains, la seule loi qui prévaut, c’est celle du plus fort. Autant le savoir pour l’intégrer.
Au grand dam de Jean Ping
Quand, un certain 31 octobre 2014, comme un seul individu, les burkinabé se sont mobilisés et chassé Blaise Compaoré, quelques naïfs et idéalistes observateurs de la scène politique africaine y ont vu un signe d’espérance. L’espoir que cette révolution jadis inimaginable sonnait l’avènement imminent de la fin du règne des dictateurs et des présidents têtus en Afrique. Hélas, les contre-révolutionnaires s’échinent à limiter la casse et à circonscrire la déferlante révolutionnaire. Et le Gabon est aujourd’hui l’incarnation même de cette parade anti-progressiste. Bien qu’ayant la majorité de ses compatriotes contre lui, Ali Bongo n’entend pas partir. Les Gabonais ont fait leur choix, mais lui s’en fout éperdument. Sa vérité à lui, est la seule qui vaille. Son départ n’ayant visiblement jamais fait partie des éventualités qu’il avait envisagées, il se sent incapable de souscrire à la volonté de ses compatriotes. Et pour que tout le monde comprenne qu’une telle perspective n’est pas à l’ordre du jour, il a usé d’arguments d’une persuasion imparable, à savoir la force et la violence. Ainsi donc, sept Gabonais sont tombés sous les balles de l’armée ou des forces de sécurité, des dizaines d’opposants momentanément séquestrés et de milliers de citoyens interpellés et mis en prison pour avoir essayé de revendiquer le respect de leur choix authentique. Depuis, les choses se calment peu à peu. Comme pour dire que la stratégie est plutôt payante. Au grand dam de Jean Ping.
Une stratégie panafricaine ?
Ceci étant, il est à relever qu’Ali Bongo n’est pas le géniteur exclusif et ultime de cette approche du fait accompli. Bien avant lui, Denis Sassou Nguesso s’en était servi avec un succès certain. Au Burundi aussi, c’est à la force de l’épée que Pierre Nkurunziza doit son maintien au pouvoir. De même, au Tchad, la réélection d’Idriss Deby Itno est loin d’avoir été transparente. Et on peut légitimement s’attendre à ce qu’en RDC, au-delà de toutes les agitations, Joseph Kabila se serve de la même recette. On comprend mieux ce pour quoi ni l’Union africaine, ni les autres dirigeants africains individuellement, n’aient daigné se prononcer sur la situation au Gabon. Partout, le schéma est le même. Quelques remous et des pertes en vies humaines en guise de mise en garde. Mais à la fin du compte, le pouvoir se maintient. En dépit des doutes et suspicions émanant de la communauté internationale et des ONG de défense des droits humains. Bien entendu, comme cela se voit actuellement avec le Burundi, les pouvoirs ainsi confisqués se révèlent souvent périlleux et incertains. Encore que ce sont les populations qui en paient le prix.
Boubacar Sanso Barry
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